29/11/2011

De l'amitié homme-femme ou comment contourner les lois de l'attraction éventuelle

Il n'est pas dans mes habitudes ici de faire ma "Carrie Bradshaw" et je dis bien ici dans la mesure où dans ma vie quotidienne d'hétéro, la question peut revenir souvent comme un boomerang qui se serait trompé de trajectoire. Après avoir soulevé le sujet régulièrement avec plusieurs ami-e-s, j'ai décidé de me pencher sur cette question qui revient à essayer de faire rentrer un carré dans un rond; et je dis ça sans peser l'expression. Je n'ai pas à proprement parlé d'avis tranché sur le sujet mais il faut bien l'avouer, même si ce genre de questionnement ne devrait pas dépasser l'adolescence tardive on est tous assez nombreux à afficher un sourire narquois quand une amie nous répond: "non non on est juste potes!" et ça après l'avoir questionné sur la nature intrigante de sa relation avec ce gars avec laquelle on la croise tout le temps et avec qui elle s'empresse d'aller boire des verres en plein milieu de l'après midi. Je suis d'ailleurs la première qui régulièrement rétorque le "on est juste amis", car j'en ai beaucoup des amis hommes avec lesquels il ne s'est pas forcément passé quelque chose. Car oui, souvent on peut passer par cette phase de dragouille vaguement maladroite ou par une nuit ratée pour se rendre compte que non, on n'a rien d'autre à partager hormis des bons moments et de longues discussions. Ici la loi n'est pas mathématique, parfois il ne se passe rien et il ne se passera sans doute jamais rien et même si l'idée peut nous traverser l'esprit, entre le moment où elle traverse nos neurones et celui où elle devient consciente, on l'a en général déjà oubliée en ayant commandé le verre suivant. Pourtant il serait, j'imagine, totalement hypocrite de ne pas avouer que cette question passe dans nos têtes régulièrement quand on rencontre quelqu'un du sexe opposé et d'autant plus si on est célibataire et qu'on a bien intégré ce que la société attend de nous: trouver une personne, se plaire, mettre en marche un projet commun, l'introduire à notre cercle de proches, l'introduire à notre famille, emménager ensemble, planifier des vacances un an à l'avance, planifier un mariage, une progéniture, une voiture, un chien ou un chat, être heureux...ou pas. A ceux qui me répondrait qu'il s'agit de problématique de trentenaire féminine, je m'insurge d'avance. C'est certes vrai mais aussi totalement faux. Super, pourquoi? Parce que j'en discute régulièrement avec des personnes de tout âge et tout sexe confondu et la seule donnée qui revient toujours c'est que personne ne veut être seul et ce, quelque soit la géométrie que l'on veuille donner à sa propre définition de la "relation". 
Alors commence les montagnes russes des rencontres, des échanges saugrenus, des fin de soirées alcoolisées, des problèmes de timing- "je ne suis pas prête pour l'instant"- des phrases attendues ou non, " je tiens à toi mais pas de cette manière là" "tu voudrais pas me présenter ta copine Joséphine?" ou alors il ne se dit rien, ne se ressent rien ou simplement rien d'autre que "c'est vraiment chouette de passer du temps avec toi, on va au cinéma voir ce documentaire sur le village de toxicos anglais où ils sont tous déglingués de père en fils et tous vaguement consanguins?" Un beau moment de rigolade en perspective. Et voilà, tu bois des cafés en après midi avec cet être en face qui te ressemble un peu, avec lequel tu peux parler de tout ce qui t'est intime, qui est un garçon, qui lui aussi attend des choses de sa vie mais avec lequel tu ne seras pas l'architecte du projet commun. Et c'est très bien! Parce qu'avec ce genre de relation tu te retrouves à faire des choses que tu ne ferais jamais avec un mec qui t'intéresse ou si peu. Pour exemple, je vais nager avec un de mes amis homme plusieurs fois dans la semaine et je me contrefiche qu'il me voit en maillot speedo avec un bonnet en silicone sur la tête. Une fois que tu as dépassé ce genre de limite de l'intimité, tu passes plus de temps à comparer ton crawl au sien plutôt que de chercher à rentrer ton ventre. Dans le même ordre d'idée, le week end dernier je suis allée à une de ces fameuses soirées organisées par mes amis au balcon du D club. Je m'y suis retrouvée avec un homme que je trouve charmant mais avec lequel j'ai développé une forme de début d'amitié et il se trouve que nous sommes voisins. Au moment où il me dit qu'il part je décide de rentrer avec lui car depuis mon agression il m'est difficile de marcher à 4h du mat' seule dans la rue. Là il me dit: " Ok je te raccompagne mais ça te dit qu'on aille faire un footing?" Et là saucisse comme je suis je dis oui. Résultat je me retrouve à courir 10 kilomètres, oui oui 10, entre 4 heures et 5 heures du matin. A l'arrivée il n'était plus du tout question de séduction éventuelle mais d'une douche et d'un sommeil bien mérité. Quel fou rire de faire un truc aussi absurde, de croiser des gens qui rentrent de soirée et qui te regardent comme des aliens. Et puis bon c'est efficace car tu penses beaucoup à l'autre pendant les jours qui suivent quand même descendre un escalier revient à t'enfoncer des couteaux dans les cuisses à chaque marche. Tordu comme drague me direz-vous? oui mais non car ce n'était pas un processus de séduction, juste un pari avec quelqu'un de drôle et de timbré sans recherche de bénéfice. Enfin je crois...c'est ça le problème avec cette question insoluble, on n'est jamais sûr de rien. 
Peut être que certain d'entre vous on le sentiment d'avoir tranché dans le vif depuis longtemps. L'ami avec lequel je vais nager a beaucoup d'amies filles avec lesquelles il ne s'est jamais rien passé, je le questionnais d'ailleurs sur le sujet il y a peu en lui demandant si il n'avait jamais eu affaire à des moments ambigus ou des sentiments confus et avec assurance il m'a répondu: " Non, moi tu sais, je classe dès la rencontre, amie ou petite amie potentielle, une fois le classement effectué je ne reviens jamais en arrière, je me tiens à cette décision et n'en démords jamais". Je fus soufflée par autant de certitude et aussi impressionnée au final. Je ne pense pas être capable de faire ce genre de procédure mentale, je suis d'ailleurs celle que mes amis appellent un "cœur d'artichaut", celle que mes amis regardent avec amusement mêlé à la consternation quand je tombe amoureuse à tous les coins de rues.
On est sans doute aussi assez nombreux à avoir testé le "sex buddy" ou le "friend with benefits" aka "le sous marin"; bon qu'en dire à part que c'est soit totalement insipide (la plupart du temps) soit foncer dans un mur avec une BMW, car certes on s'amuse un moment mais au bout d'un certain temps comme dans toute forme de relation, l'ennui s'installe; ou alors on développe des sentiments et là ils sont rarement partagés...là non plus je ne vois pas de solution et même si tu multiplies les passades pour ne pas tomber dans la monotonie, dans un village comme le notre, tu finis par avoir des nausées en traçant la toile qui relie toutes les personnes ayant partagé la même aventure que toi.
Alors...? les relations humaines ne sont jamais simples, pour tomber dans un cliché laid. Et quelque soient les intérêts que tu recherches, tu finis toujours par te raccrocher à l'amitié car elle est plus intense, plus solide, plus réelle. Elle n'est pas confinée dans une attente, elle ne demande rien de plus qu'un peu d'entretien. Peu importe les phases par lesquelles tu passes, je pense sincèrement que cette forme de relation est possible entre un homme et une femme car j'en fais l'expérience au quotidien.
Et quand bien même ceci n'engage que moi, je continue de tendre vers ce fameux projet commun qu'on nous a inculqué comme but dans la vie.  Mais tant que je peux boire des cafés dans l'après midi, je ne suis pas seule et je noie les lois de l'attraction dans mon renversé.

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