27/11/2011

De l'entrainement et de la répétition ou aurais-je pris de l'âge?

Ce week-end a eu lieu la soirée censée être LA SOIREE de l'année. Au départ il n'était pas question pour moi d'y aller mais finalement la curiosité m'a emportée et j'y ai atterri comme un vieux satellite au milieu d'une plaine du Kazakhstan. J'ai donc mis les talons pour la première fois de ma vie dans le cinéma porno local, "le Moderne", transformé pour l'occasion en lieu noctambule et festif et certainement pour la première et dernière fois de sa vie en "place to be" hype-cool. Résultat des courses, je n'ai fait qu'en entrer et en sortir - ce qui était "la thématique de la soirée" comme l'a si finement et bien remarqué mon amie Astrid- afin de fumer des cigarettes sur le trottoir; là il y aurait encore sans doute quelque chose de drôle à noter mais je laisse votre imagination seule juge.
N'ayant pas bu de "Pornsecco" de la soirée, il m'a peut-être manqué l'outil qui m'aurait éventuellement permis de m'amuser un peu. Heureusement mes amis fidèles à leur capacité d'observation n'ont eu cesse de relever le comique de la situation et m'ont permis de bien rigoler quand même. Il ne s'agit pas pour moi de vouloir détruire les velléités festives des organisateurs de l'évènement mais plutôt de me demander si après toutes ces années de vie nocturne bien entrainées, je ne suis pas tombée dans le côté obscur de la nuit, c'est à dire l'ennui de la répétition. À priori, organiser une soirée dans un cinéma porno aurait du me paraître joyeusement décadent et intriguant...mais voilà; je ne trouve rien de comique aux besoins organiques humains. Je ne suis pas prude mais transformer ce que j'ai toujours trouvé vaguement glauque en ressort festif me parait vain. Pourtant les petits plats avaient été mis dans les grands (là je me rends compte que tout peut être interprété de travers, comme nous l'avons fait hier soir); des créatures déambulaient autour de nous dans un mélange savant entre le carnaval de Rio et celui de Moudon. La salle du bas avait été vidée de ses sièges afin de laisser la place aux danseurs et aux DJ's, celle du haut transformée en lieu de projection porno-expérimental from l'ECAL. Des masques et des plaquettes avec les noms de stars du porno étaient distribués à l'entrée et le lieu était blindé de toute la petite foule lausannoise sur son 31 festivo-décadent. La musique était accessible et dansante et une boule à facette humaine surgissait de temps en temps laissant transparaitre l'image du "Fantôme de l'opéra". Sans oublier les cabines de projection accessibles grâce à la petite somme de 1 franc. Dans toute cette excitation somme toute assez "vaudoise" je me suis rendue compte que j'avais vieilli en observant la faune qui m'entourait. Je n'avais pas réalisé qu'autant de jeunes éphèbes apprentis artistes avaient la même coupe de cheveux par exemple, laissant montrer une forme d'individualité selon le côté de leur mèche sur le front, je n'avais pas remarqué que les gens s'ennuient autant dans leur vie pour trouver excitant de voir en split screen ou dans des cabines privées ce qu'ils n'oseraient jamais avouer regarder, je n'avais pas noté que certains DJ existaient encore ni que les mini jupes à froufrous se vendaient après 1992... ni que je trouverai désespérément absurde de chercher des toilettes "femmes" dans un cinéma porno...
Suis-je alors totalement blasée ou juste un peu fatiguée? Il y avait quand même un peu de magie dans les yeux pétillants de mes amis déguisés, dans ce cadre ils pouvaient effectivement se permettre des faux seins et des perruques ou quand le travestissement devient une prise de position esthétique et belle. Mais hormis ces belles apparitions que je qualifierai de poétiques et douces, le reste m'a paru morne et volontariste. Je ne cesse de répéter sur ce blog combien j'aime mes soirées entre amis, et malgré l'entrainement que j'en ai, leur répétition ne m'ennuie jamais. J'ai simplement réalisé hier soir qu'elles dépendaient totalement du cadre et que si les soirées "zaza" me paraissaient dingues il y a 10 ans, j'avais moi aussi pris ces 10 années, aspirant à autre chose qui ne se situe plus vraiment dans des extrêmes provocateurs. Je ne pense sincèrement pas être devenue une "vieille conne aigrie" je suis simplement désinhibée par rapport à ce qui me fait plaisir et m'amuse et je n'ai finalement pas besoin d’atterrir dans un cinéma porno pour me le permettre. J'imagine que cet évènement fut une réussite, organiser des choses est bien moins facile que la critique est aisée; pourtant cette "Grande Zaza" fut pour moi révélatrice d'une chose que je sentais déjà, j'ai besoin de poésie et d'images qui me racontent quelque chose ou qui m'envoient ailleurs... hier soir j'étais bel et bien sur place à agrémenter mon petit journal d'observation privé, je suis une machine de second degré dont les yeux fonctionnent comme des appareils photographiques. Je ne dis pas grand-chose, j'enregistre, souris (ou pas), imagine, déconstruit et laisse mon amie terminer avec talent les phrases que je commence. À part peut-être ici, où le moyen de l'écriture me permet de donner corps à ces images et ces pensées. Ce fut donc finalement une bonne soirée, car elle m'a permis de confirmer des sentiments et d'apprendre ou de comprendre à nouveau un peu plus sur ce qui me constitue. Et j'ai trouvé cet endroit très propre contre toute attente...voilà une nouvelle boutade vaudoise...un cinéma porno comme lieu de divertissement...? peut-être...je ne vois pas de chute à cet article...à part éventuellement celle des clients habituels qui ont du trouver bien étrange cet évènement ou celle de cette veille figure locale qui a du rester perchée sous LSD criant à l'entrée "mais laissez-moi entrer!" portant un gilet phosphorescent pour enfant du haut de ses cinquante ans approximatifs...En écoutant mes amis et en observant tout ça, il m'arrive alors de penser que seul le comique de situation nous permet de nous échapper et de trouver notre liberté dans cette réalité plus ou moins convenue se souhaitant pourtant inconvenante.  
 

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