02/11/2011

Un anniversaire sur un tapis de danse, "On joue à Pina Bausch?" ou "I never talk to strangers"

Après un spectacle à domicile nous sommes partis en grappe vers un lieu de répétition où il ne fut plus question de théâtre mais de danse. Il s'agissait en effet de fêter l'anniversaire de l'instigatrice de la soirée et nous avouerons tous que nous l'avons bien célébré. De nouvelles personnes se sont greffées à notre petit groupe et nous avons pu montrer nos talents de danseurs sur un rythme aussi soutenu que le passage à l'heure d'hiver a pu nous le permettre. Il me suffirait peut-être d'ajouter que l'on a bien bu et rigolé mais cela me paraitrait un peu court. Car ce qui fait le charme des soirées entre amis c'est ces petites phrases, ces discussions, ces regards, ces habitudes aussi, celles qui participent au "team building" et qui sans cesse nous relient. Je suis consciente que je fais grand cas du partage entre amis et que j'aime écrire sur ce sujet, car alors me reviennent en mémoire ce que l'on garde en commun, ces "punch lines" que l'on se remémorera à la rencontre suivante, et comme à notre habitude cette soirée en fut remplie. Malgré tout ce n'est pas là dessus que je vais axer mon post ... Nous avons d'abord commencé doucement, avec l'impression amusante de nous retrouver dans une "Boum" de nos 15 ans. En effet pour ma part, je ne connaissais pas forcément les nouveaux venus et nous avons mis du temps à nous lancer, saluant, échangeant quelques mots, présentés les uns aux autres via le fameux " tu fais quoi dans la vie"; question qui pour ma part me plonge toujours dans un abime de perplexité tant la réponse m'est difficile. J'imagine que nous sommes quelques uns comme ça à avoir des petites difficultés à expliquer nos vies de "slashers"; pour ma part comédienne/universitaire/serveuse/blogueuse rencontre toujours la question d'après: "mais t'as envie de faire quoi exactement? dans quel milieu tu aimerais travailler?" et ma réponse s'embrouille toujours dans ma tête et par ricochet dans ma bouche, du coup je change de sujet, me mets à poser des questions à l'autre pour éviter de parler de moi, ou bien je commence à faire le clown. Un des amis présent trouvait par exemple que ma robe me donnait l'air d'une hôtesse de l'air des années 60'; alors dès que j'en ai eu l'occasion, je me suis mis à jouer aux consignes de sécurité et je me suis mise à danser, encore peut-être pour échapper à d'autres questions. Ma meilleure défense a toujours été de faire mon show, déformation professionnelle peut-être. Motivés par les morceaux toujours efficaces qui passaient, nous avons tous vite rejoins la piste de danse. À ce moment là, les petites barrières internes volent en éclat et chacun y va de son pas sur l'enchainement de tubes assurés et rassurants. Ces morceaux que tu connais depuis toujours, qui fonctionnent comme un cocon et qui te permettent de faire les post-ados tous ensemble quelque soit ton âge ou ta position sociale. J'aime ces moments, comme quand tu regardes ta meilleure amie qui fête son anniversaire et avec laquelle tu te mets à danser avec tout ton cœur une chorégraphie déjà bien rodée sur "When the rain begins to fall.." puis progressivement les références se font plus nombreuses et c'est sans aucune inhibition que tu enchaines une imitation de Pina Bausch à celle de Michael Jackson. Puis là tu vas te chercher à boire et tu rencontres une nouvelle personne qu'on te présente et la conversation commence naturellement sans petit vélo dans la tête et là tu te dis que cette éventuelle timidité du début de soirée s'est totalement évanouie dans ces quelques pas de danses qui précèdent cette rencontre. Difficile pourtant d'échapper à la fameuse question , mais la réponse d'en face, pleine d'humilité et surtout d'humour, te désarçonne totalement et du coup tu prends conscience que la personne que tu viens de rencontrer n'est pas tout à fait comme les autres ou a simplement une grille de lecture différente et étrangement tu te sens plus à l'aise, l'impression d'avoir saisi quelque chose dans l'air de nouveau, quelque chose de frais. Il nous arrive tous de rencontrer des personnes avec lesquelles les choses paraissent immédiatement simples ou partagées à un certain niveau, alors tu te mets à essayer de comprendre ce qui crée cette sensation, comme un jeu d'énigme, tu décides d'essayer de creuser. Mais voilà, en voulant faire original, tu finis quand même par poser toujours les mêmes questions. Pourtant dans l'utilisation des mots, dans leur choix, tu constates ce décalage, et ce déplacement de sens devient plaisant. Quand cette personne que tu ne connaissais pas 3 heures auparavant répond à tes questions par un perpétuel mais souriant "je ne sais pas, je ne suis pas sûr, peut-être" ça peut te donner envie de jouer, un peu comme au poker, pour voir. En tout cas pour moi ça fonctionne de cette manière; ainsi quand "Light my fire" des Doors réchauffe la piste de danse et que mon interlocuteur me lâche qu'il ne comprend pas pourquoi les gens aiment ce groupe et que je lui demande pourquoi et de développer en trois mots ses raisons, il me répond : Georges/maison/voiture... d'abord interloquée je me mets à rire en même temps que lui tout aussi surpris de sa réponse. C'est plus tard dans la soirée que j'ai fait un lien le long de notre conversation, une fois que j'avais constaté que nous venions de passer plusieurs heures originales et riches à discuter par analogies sans vraiment suivre de fil conducteur. À la fin, alors que tout ce petit monde fut rentré chez lui, je me suis dit qu'on avait encore partagé un beau moment entre amis fidèles mais aussi que nos vies à présent d'adultes, nous poussaient à faire de nouvelles rencontres et qu'elles avaient un goût différent de celles que l'on faisait avant. Un peu plus construits par nos parcours privés ou professionnels, les échanges se font plus riches et plus intenses et bien que l'on continue à danser sur nos tubes d'ados, on a acquis une forme de distance car même si l'on est toujours capable de piquer un fou rire en imitant Joeystarr dans le clip de "Dans ma Benz", le fil rouge de nos vies s'étire, perpétuellement en expansion, sur lequel de nouveaux repères font leur apparition. Des repères dus à des rencontres et discussions accidentelles, des petits rouages porteurs de nouveaux questionnements, de nouvelles idées et quelque fois d'une certaine forme d'espoir. L'esprit réchauffé par cette sensation, je me dis alors qu'on n'a pas fini de rire et de danser, danser à perdre haleine pour finalement constater à la fin de cette dernière que tout ne fait toujours que commencer et ce, quelque soit le nombre d'années que l'on ait décidé de fêter. Pour conclure, je citerai une "punch line"de Greg qui restera dans nos mémoires : "Words don't come easy....c'est pas possible autrement, c'est des allemands qui ont écrit ces paroles..."

Comprenne qui pourra ce morceau en totale contradiction avec ce que je viens d'écrire...enfin je ne sais pas, peut-être...

 


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