24/10/2011

"With or with itunes"

Parfois il y a des soirées où tu réunis quelques amis autour d'une bonne table et où les rires fusent autant que le nombre de bouts de pain que tu trempes dans le caquelon de fondue. Des soirées où tu t'étais dit que tu irais voir dehors dans un des nombreux festivals que compte notre ville pour partager un bon moment. Finalement tu restes autour de la table, à parler de tout et de rien, à débattre de sujets totalement cruciaux sur le moment,  tels que le nouveau ou l'ancien Romandie, pour, contre, pourquoi, où tu thématises des trucs que jamais tu n'aurais imaginé en passant la porte d'entrée... la soirée s'étire, et tu décides de faire un blind test; un jeu ponctué de "non l'absinthe c'est comme ça qu'il faut la boire, tiens c'est marrant le sucre brun ça lui donne la couleur du pastis, non faut pas flamber, dans le jura c'est blasphème de flamber, mais l'absinthe en France c'est pas comme ça, mais c'est pas français l'absinthe, mais si! ouais François Hollande c'est mou, j'te parie un apéro qu'il sera au second tour, rapidité ou pointure, Air! Wumack and Wumack! Les Vieilles cochonnes! c'est mon tour maintenant! tu mixes ou tu joues?" " Non les copains, je fais pas ça que pour le plaisir" "Abbbb"
Et je pourrais en rajouter plein des anecdotes qui au final restent très privées car seuls ceux présents peuvent les comprendre. Toujours est-il que ce qui compte là dedans c'est ce temps suspendu , cet espace de liberté et de partage permis par des gens qui se connaissent et s'aiment , ne se laissent rien passer tout en déclinant les mots de l'amitié forte et inébranlable. Alors que vous y étiez ou non, vous savez de quoi je veux parler. Ce n'est pas juste un bon sentiment que de se définir et de continuer à se construire à travers ces instants partagés et de se les rappeler sans cesse avec le sourire. Nos vies s'étirent comme ces moments, mais ces derniers sont des ponctuations précieuses, comme celles qui le long d'un texte permettent de reprendre un peu de souffle. Un jour une personne m'a dit que ce n'était qu'un sophisme de dire que le simple fait d'énoncer le présent en faisait déjà quelque chose de passé...une soirée comme celle d'hier est certes déjà derrière mais quand tu la quittes à 4h du matin tu sais qu'elle est bel et bien présente et l'est pour longtemps, elle est ancrée dans les cellules sans cesse ré-oxygénées par ces reprises de souffle entre amis. Je fais donc ici une bise à nos gueules de bois, et me réjouis-en quelque sorte- de la prochaine. "We're growing old" m..ouais

22/10/2011

"Polisse" ou pour les mains de Joeystarr

Que la réalisatrice Maïwenn agace ou détonne dans sa volonté de faire, il est difficile de passer à côté de ce bijou de cinéma qu'est "Polisse", difficile de rester insensible face à la construction chorale de cette chronique sociale sans détours qui peut éventuellement manquer parfois de contours dans l'écriture de certaines scènes. On sent en effet assez rapidement qu'en dehors des auditions très crues du quotidien de la brigade de protection des mineurs, les scènes de groupes peuvent parfois paraître un peu brouillon.
Peu importe, on reste sciés, et seuls certains plans permettent de reprendre le souffle nécessaire pour être témoin à notre tour de ces vies amères dont les pans se déroulent sous nos yeux. Cette fiction, fruit d'une observation bien réelle n'est pas sans rappeler les documentaires de Depardon tel que "Faits divers". Mais voilà c'est bien en échappant au documentaire et en confiant cette histoire à des acteurs que Maïwenn tire son épingle du jeu et mérite sans appel son prix à Cannes. On retrouve dans son film sa fidélité aux actrices déjà présentes dans son précédent film "Le bal des actrices", ainsi Karin Viard est méconnaissable tout comme Marina Foïs qui nous rappelle encore une fois qu'elle possède cette colère d'actrice presque carnivore, une intensité féroce et froide tout comme son personnage déroutant. Tout le monde citera aussi Joeystarr; est-il un grand acteur? la réponse est non, il se joue lui même mais malgré tout on ne peut passer à côté. Est-il ce personnage public dont on attend sans cesse les frasques et ses coups de gueule perdu au milieu de cette histoire du côté des flics? Lui jouer un flic, une gageure? Non, car il est juste, drôle et touchant et il est filmé avec amour. Oui Maïwenn filme avec amour ces acteurs et avec rage ce qu'elle tient à raconter. Les déviances d'une société toujours à la limite du précipice où se jouent les ambivalences des vies privées et professionnelles, des vies où tout se mélange et dans laquelle on ne peut ni sauver tout le monde ni se sauver soi-même. Emportés dans le quotidien de cette brigade où se mêlent les classes sociales, les attentes, les espoirs et les déceptions on aurait tendance à penser que ces flics sont formidables face aux affaires qu'ils doivent traiter. Mais voilà, si les acteurs eux, sont tous exceptionnels et malgré quelques faiblesses de construction, ce qui reste et qui nous crache à la gueule est le portrait de cette société borderline que la réalisatrice filme dans une contemplation quasi consternée. "Polisse" est un film d'urgence, à voir, et à ressentir avec son bide. Il n'est pas parfait et en cela il est bien le reflet de ce qu'il montre, le tourbillon de ces humanités protéiformes et limites. Ou quand dans une scène Joeystarr caresse la joue d'un enfant pour le consoler, on se dit qu'on n'est jamais bien loin de se prendre une nouvelle baffe; c'est là toute la force de ce film incontournable.

17/10/2011

Une histoire de veine

"Drive", c'est un peu comme si ce film avait été réalisé par une ancienne ado des 90's en pleine puberté fascinée par les posters sépias de mécanos torses nus qu'elle essayait de vendre à ses copines à la récré et qui rêvait de vivre en Amérique...ou quand Lucky Luke a remplacé la clope par un cure-dent, son cheval par une voiture et sauve la veuve et l'orphelin dans les lumières de la grande ville...anti-progressiste et même pas drôle hormis le blouson de Ryan Gosling...