Jeunesse se passe et je m'y fait... Mon blog est en pleine crise d'adolescence face à ma nouvelle vie d'adulte; voilà plus de 5 semaines que je n'ai rien écrit, voilà plus de 5 semaines que ma vie a changé radicalement. Au tout début de cet exercice, il était question de critiques de films, de pièces...voilà qu'au final il ne s'agit que de mots utilisés dans le sens de l'expression, peu importe le support mis en avant pourvu qu'ils sortent. J'ai découvert tellement de nouvelles choses ces derniers temps que ma structure interne en perd toute sa rugosité. C'est un peu comme si ma peau devenait plus lisse vue le nombre d'informations qui me glissent dessus. Et au final, le plus étrange c'est que c'est cette perte d'accidents intérieurs qui m'empêchent d'être régulière. C'est compliqué tout ça non?... un peu...je ne sais pas, mais à cet instant pour moi, ça coule de source.
Je n'imaginais pas que cette nouvelle année apporterait tant de nouveauté, j'essaie donc d'en profiter sans me poser trop de questions et en m'efforçant d'accepter le principe de construction que cela amène.
Le travail tout d'abord. Je suis rentrée dans une organisation fort passionnante au sein de laquelle j'apprends chaque jour combien notre société a tendance à broyer les êtres dans leur travail. Cela n'est certes pas une découverte, mais le concret des situations des gens auxquels je suis confrontée me bouscule avec force et intérêt. Il y a tant de choses à faire et à mettre en place pour propulser au premier plan le respect de l'autre comme un fait évident, que je ne sais pas très bien par quoi commencer pour me frayer un chemin dans ce projet. Malgré tout je suis motivée comme rarement et bien que travailler à 100% aille à l'encontre de ce type de démarche, je ne suis pas prête de l'abandonner. Oui parce que travailler c'est quand même pénible, même si c'est pour permettre aux autres de vivre mieux le leur.
Ce n'est évidemment pas non plus une découverte, mais les journées sont longues et à la fois très courtes. On redécouvre l'ennui global amené par le maintien de l'économie domestique, comme cette panique ridicule le jour de lessive, la rage de cette tasse non lavée et de ce linge qui traine, symptôme de cette course quotidienne pour le maintien de notre régularité. Quel ennui...Quand je faisais l'artiste/serveuse, cela ne prêtait pas à conséquences réelles, ça allait dans le décors. Mais à présent que je me mange des conventions collectives de travail et du code des obligations, le linge sale ressemble à un glacier à parcourir en baskets, ça fait tâche dans l'organisation d'adulte. Autre chose, avant le travail, j'écrivais à 5heures du mat', là il est 23h30 et je me dis qu'il faut que je me dépêche si je veux au moins dormir 6 heures et surtout écrire un texte pas trop mauvais, mais comment faire en baillant toutes les 2 minutes. L'omniprésence du temps, de l'horloge du dedans, de cette fausse découverte, de cette prise de conscience de ce dont mes amis me parlent depuis tant d'années et que j'ai toujours fait semblant de comprendre...
Je ne me plains pas, je constate naïvement et presque bêtement. Et je regarde mon maillot speedo abandonné et je pense à la piscine où je ne prends plus vraiment le temps d'aller.
D'un autre côté, j'aurai attendu mes 33 ans pour me sentir un peu entière, et ce n'est pas seulement grâce au travail que je ressens ça. Il m'aura fallu rencontrer quelqu'un d'imprévu et désarmant pour me faire ressentir à nouveau comme à 15 ans. Je porte donc au quotidien des heures de bureau le masque de la trentenaire active, mais dès le début de la soirée je sautille jusque chez moi pour aller danser sur du funk. C'est comme une sorte de balance qui pèse les choses à leur juste poids. L'âge, le temps, ne sont rien d'autre que des nombres. Seul compte alors ce souffle, cette énergie et ce sentiment d'apaisement. Alors quand je prends le temps de réfléchir à tout ça, j'ai peur bien sûr que ça s'arrête, que ça se déchire ou que ça brûle, que mon contrat arrive à échéance. Comment faire pour équilibrer les accidents avec ce qui est droit? Pas de réponse, seulement de nouvelles questions jetées dans la balance. Mais une chose est certaine, les envies prennent forme comme le trombone que je déplie quand je suis au téléphone pour le travail ou comment insuffler à cette vie d'adulte bureaucratique un peu d'artistique. Il me suffit alors de penser à de l'ambre à travers lequel passe la lumière, et mes yeux deviennent bioniques et je souris en attendant de retourner danser.